Diary and algebra notebook, Joseph Stripounsky, 1940 (in a book enclosure)

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Left page Vendredi 10 mai 1940 Très tôt le matin des bombardiers « Heinkel » nous survolent et bombardent Deurne. Je vais cependant à l’école mais on est libres. Je fais un tour avec Cassels et van Aubel et puis je suis convoqué aux tranchées pour le service de la LPA qui a décampé immédiatement. Après-midi quelques alertes et service aux tranchées. Samedi 11 mai 1940 Service dès le matin. Nous allons détacher les plaques de chicorée Pacha qui sont du service d’espionnage. On nous téléphone que les ponts du canal Albert ne sautent pas. Les allemands sont à Hasselt et passé Maastricht. Bombardement du port. Sabine se réconcilie finalement avec maman et vient chez nous. Dimanche 12 mai 1940 [marginalia] R. et G. crient qu’Asry est mort. Il dormait paisiblement [/marginalia] Nouvelles alertes. Pas de bombes. Papa va avec Neumarkt chercher un autobus mais se fait attraper. Après-midi je vais le chercher. On attrape le consul américain comme parachutiste. Matty et Helsmoordel sont déjà partis. Lundi 13 mai 1940 Tout rentre dans l’ordre. Papa revient. L’autobus ne vient pas nous prendre. Irons demain avec un tracteur réquisitionné par Léon Gutter. Alertes. Le soir les femmes s’amusent avec la lumière et font pour ainsi dire du morse.

Right page Nous nous levons très tôt. Rose, Gisèle et les Sochor ont dormi chez nous. Hier soir elles nous ont fait des bêtises. Que feront-elles aujourd’hui ? Nous emballons ce qui nous reste. Avec Jacques et Léon Gutter nous allons voir pour un camion. 100% de sûreté au port. Je trouve une affiche de mobilisation pour moi ! Quel amoncellement à la maison. Rendez-vous à 11h00 chez nous. Juste avant camion réquisitionné mais 24 heures de sursis. Nous embarquons tous. Cependant Gisèle trouve moyen de rester 1h en retard ! Enfin après pagaille rue de Boey notamment monsieur Marynower nous partons. Au Grand Tunnel, Rachel n’a pas de papiers. Ils ne le voient pas. A Zwijndrecht idem, Saint-Nicolas aussi. Le long de la route un tas de réfugiés à pied. Beaucoup de scouts. À Gand, contrôle sévère, alerte et bombardement à Saint Pierre. Pour le reste sans histoire. Continuons vers Menin mais dépassons jusqu’au poste de Wervicq. Des gens très gentils nous hébergent. La gendarmerie n’a aucune instruction pour moi. Je décide donc de partir. Beaucoup d’anglais par-là sur les routes. Nombreuses alertes. Sala fait le difficile. Les gens sont ennuyeux dans le local ! Allument cigarettes et allumettes dans la paille. Mercredi 15 mai 1940 Nous consacrons toute la matinée à la recherche d’une voiture vers Le Bizet. La frontière chez nous est fermée. Après 3h00 de recherches nous en obtenons une. Rose et Gisèle font des ennuis enfin nous partons. Je suis à vélo jusqu’à Neuve Église, après dans l’auto. Pas de difficultés à la douane de Le Bizet. Vers 4h00 nous sommes au centre d’accueil d’Armentières.

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Left page [marginalia] Sur le quai une dame avec son neveu que sa mère a tenté d’étrangler et a tenté de se jeter sous un train [/marginalia] Et parvenons à prendre un bon dîner. Une brave vieille demoiselle nous logera pour la nuit. Demain matin nous aurons un train pour quelque part. Peu après tout le reste de la clique arrive excepté Jacques et Sabine. Nous ne savons pas pourquoi. Constatons que les gens sont très gentils mais la propreté des maisons et des rues n’est pas leur fort. Enregistrons une alerte vers le soir. Nous apprenons que Louvain et Bruxelles sont lourdement bombardées. Jeudi 16 mai 1940 Je ne quitte pas sans la mascotte. Nous passons une très bonne nuit mais devons nous lever très tôt. À tout hasard emportons quelques provisions. Avec tous nos bagages, mais avec l’aide d’un scout allons vers la gare. Nous entrons dans un wagon à bestiaux. Il y a 55 personnes dedans (5 bébés, 2 filles). Le train part avec une heure de retard. Il roulera toute la journée. Passons St Omer où nous recevons un peu de ravitaillement. Nous apprendrons plus tard qu’on se battait non loin de là ! On apprend qu’on se dirige vers Abbeville. Combien durera le voyage ? On n’en sait rien. On commence à croire qu’on y passera la nuit. Nous sommes déjà le 115e train qui passe. Un train venant de Namur nous dépasse. Il fut bombardé et mitraillé. Nous étions passés d’abord par Calais. Au milieu de la nuit à Boulogne (?). Le train ne va pas toujours comme on le voudrait. Vendredi 17 mai 1940 Le voyage continue. On commence à s’ennuyer. La question des WC est très délicate. Les femmes se mettent devant tout le monde ! Le ravitaillement continue le long de la route. À Dieppe nous sommes ravitaillés par des anglais du

Right page [marginalia] Teddy mascotte [/marginalia] Auxiliary Service. Recevons lait, vin, pain, chocolat, café. Maman voudrait parler anglais mais les anglaises parlent bien le français. Celle qui nous sert est une Girl Guide. Elle nous apporte de l’eau et du savon pour laver Asry. Quelqu’un achète un journal. Il fera le tour du wagon. Deux personnes prennent délibérément la direction du train : Mr Paul, führer ; Eugène, vice-führer qui se soigne très bien. Il prend toute la place pour dormir. La vie commence à s’organiser : les dames parlent mode, confiserie. Les hollandais qui se trouvaient dans le wagon fument comme des turcs et occupent toujours la place à la porte. On dit en blaguant que la place était réservée. Samedi 18 mai 1940 La nuit est relativement normale. Je dors bien. Nous passons successivement Rouen, Lotteville et Le Mans. Là nous sommes ravitaillés par des scouts. Après, quelques kilomètres plus loin nous resterons pendant sept heures en rade. Nous en profitons pour nous ravitailler par nos propres moyens. Je vais faire différentes commissions. Au cours de la route nous recevons presque partout du cidre. La jeune fille hollandaise qui est dans le wagon demande des douceurs pour les enfants mais garde tout pour elle. Je lui fais la remarque. Plus tard elle ne recevra plus rien. Nous croisons de nombreux convois militaires belges et français qui partent pour l’instruction vers le sud. Nous ne savons toujours pas la destination. Asry s’amuse bien avec Yvette et Odette, les filles du führer. Finalement nous démarrons vers le soir. Il paraît que nous allons vers Tours. Dimanche 19 mai 1940 Après une longue halte le matin nous arrivons finalement à Tours où un ravitaillement est organisé par les guides et les scouts. Nous

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Left page recevons un peu de tout et nous pouvons manger à notre faim. En gare, il y a plusieurs convois de blessés qui reviennent de Sedan. Ils disent que les combats étaient terribles. Des jeunes gens qui avaient raté leur train viennent chez nous. Pendant la nuit nous sommes encore plus serrés que d’habitude. Maman ne trouve pas mieux que de mettre ses pieds dans ma figure. Tout confort ! Lundi 20 mai 1940 Nous sommes ravitaillés vers 7h00 en gare de Limoges. Pinard, café, pain, pâté de foie. Toujours les mêmes conserves. Je fais soigner ma lèvre. Ce sont des étudiants qui assurent le service médical. Ordre de ne pas descendre du wagon en route car on a attelé un train électrique. Cet ordre sera très peu suivi. Un peu plus loin dans une petite gare on apprend que Bruxelles et Anvers se sont rendues sans combat. Personne ne veut le croire mais c’est confirmé par les journaux. La maman des deux fillettes a son anniversaire. Les petites viennent le souhaiter. Elle se met à pleurer. La destination est connue, Toulouse. Les petites ne sont pas commodes avec leur père. À Montauban on ravitaille seulement les 16 à 35 ans qui ont ordre d’aller jusqu’à Toulouse. Les femmes sont débarquées à Castelnau (R et G). Les autres à Saint-Jory, notamment notre wagon. Les hommes doivent continuer. Arrivons à Toulouse. Papa, Labeau et moi devons aller au parc municipal des sports ou nous passons la nuit. Arrivons seulement à 23h30. Mardi 21 mai 1940 Lever à 7h00. Allons au ravitaillement, café et pain sec. Après faisons ce que nous voulons. Un coiffeur est déjà installé et a beaucoup de travail. Papa et le major font des

Right page démarches. Ce sera pour 2 ou 3 jours. Ils vont alors en ville pour faire des achats : affaires de toilette, linge etc. Ils déjeunent en ville. Nous recevons dîner : pain, pâté de foie. Les lieutenants disent que nous serons libérés et pourrons continuer études. Ce sera pour 3h00. Je rencontre de Bremaecker. Ne sait pas où est son père. Visite médicale et puis souper : pain, sardines. On peut pas partir. Peut-être demain. Formidable pagaille dans la salle. Mercredi 22 mai 1940 Lever comme d’habitude. Déjeuner pain sec, qu’on ne reçoit pas. Je fais mon sac et écris une carte à la maison. Je vais chez lieutenant qui dit peut-être demain. Inscription, des métallurgistes partent. Laboureurs s’inscrivent. Lieutenant Le Floch enrage contre tout le monde. Des types ne font qu’arriver. Dans les dortoirs des types font de la musique : violon, harmonica. A la grille des personnes vendent des friandises mais c’est très cher. Des types s’évadent du camp. Il y en a 5 qui s’évadent mais se saoulent et se font attraper. Au camp un bruxellois s’est saoulé : « j’ai fait 65 km à pied, mes souliers sont complètement usés. Vais demander une permission pour chercher nouvelles semelles pour rien. Même le roi ( !?) ne m’empêchera pas. Demanderai la même chose pour vous tous ! ». Il s’adresse à des officiers. Se plaint de la bouffe. « Si je suis malade vous ne me soignerez pas ! Je suis bruxellois mieux que flamand ou wallon, pas commode du tout ! ». Un double et magnifique arc-en-ciel se forme après la pluie, l’un est complet, l’autre à moitié. La propreté belge fait contraste à côté de la saleté française. Les gens sont tout le temps en train de se laver. Cependant il n’y a pas de WC, les latrines sont combles et le jardin devient dégoûtant. Un bruxellois qui vint d’arriver prétend avoir vu les boches. Il a abandonné ses affaires, dévalisé une épicerie et voulu voler un vélo. Les femmes abandonnaient leurs voitures. Le type chipe le nécessaire de toilette de quelqu’un d’autre. Les étudiants en chimie vont à la poudrière (12 heures par jour, 7 jours par semaine)

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