Jumelle family Papers, 1751-1925. Mademoiselle De Vanderstrate letters to Pierre Laurent Jumelle, 1790. A/J94, folder 6. Schlesinger Library, Radcliffe Institute, Harvard University, Cambridge, Mass.

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Lundi 13 dix heures du matin

J'étois neé pour Eprouver toutes les peines, pour sentir toutes les Douleurs. Aucune ne má été aussi Sensible que celle de notre Séparation. Je ne puis y penser que toutes mes fibres ne frémissent douloureusement. Jumelle! Ame de mon Ame Exister Sans te voir! Non non, le temps, malgré tout Son pouvoir, l'absence, Si funeste aux attachements ordinaires, Rien ne pourra me consoler de ta perte. le Seul espoir de te Revoir, l'assurance de vivre dans ton coeur pourront Seuls me Soutenir contre tant de douleur. hélas! Je parles de te Revoir, Je compte les moments qui doivent te Ramener et tu n'as pas encore franchi la terrible barriere que doit nous Séparer! mes larmes coulent avec tant d'abondance qu'il m'est - imposible de continuer. 7 heures du soir

Je sors de voir ta soeur, Je l'ai préparée à apprendre ton départ. Je lui en ai fait sentir la nécessité; elle [consent?constat?] que tu fasses un voyage à Bordeaux à condition que tu la verras avant ton départ et que tu n'iras pas plus loin. Je lui ai peint, tes regrets à la Seule idée d'abandonner ton Education, la nécessité d'acquérir des [talens?] pour se prémunir contre l'ennui dans la vie isolée qu'on mène à la campagne; la possibilité, si tu Etois forcé de t'embarquer, de la voir elle même

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Rappellée par son [Pere?]. en conséquence Je l'ai engagée a Redoubler de courrage et de mettre tous les instants à profit pour ne pointéprouver dans la suitte le regret d'avoir perdu son temps. elle doit t'écrire demain pour t'engager à précipiter ton départ et pour que tu ailles la voir auparavant.

Faut-il mon bon ami, que dans ma premiere lettre je me trouve forcée de ta faire le reproche d'avoir dédaigné mes conseils pour commetre une inconséquence? tu as donc présenté Mlle. Sa... à ta soeur? Fontaine est ton ami, il a l'ame trés honnête, demandes lui, si, dans ta position, il eut en son absenceprocuré à sa soeur la connaissance d'une personne qu'il auroit connue aussi peu que tu connoi Mme S.... l'amitié n'a aucune part dans la démarche de cette fille, qui n'est [mue?] que par un vil intérêt et qui t'a prouvé [assez?amer?] son inconséquence par tout ce qui s'est passé. Mlle S... auroit dû desirer la connoissance de ta soeur l'année derniere, et c'est une grande faiblesse de ta part d'avoir en ce moment adhéré à sa demande. N'oublies jamais, mon bon ami, que les ames honnêtes et sans Expérience sont faciles à Egarer. pardonnes ma franchise, tu connois mon attachement pou toi qui rejaillit sur tout ce qui t'appartient. [Ta?] may est venu ce matin Redemander les Boucles qu'il avait prêté à son frère et qu'il a vraisemblablement oublie' de

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[laisser?]. il a rapporté une paire de bas de [soye?] [noirs?] que j'ai fait mettre dans la male avec tout ce qui a pû y être contenu. tu trouveras tout audessus, dans le coin du coté du cadenat, de l'huile de [palmon?] christi. J'ai prié du may d'aller chez Mme. [Dusard?] - Redemander Gilblas, mais elle m'a fait dire qu'il étoit aux ursulines J'ai encore prié du may de voir Savigny pour lui Redemander tes livres. Je les ferai relier en demi Reliure avec [Donquéhotte?], Je t'en=verrai la tout avec ta Pendule, J'y Joindrai un Dictionnaire de Restaur et ton Plan de Paris si tu me le demande. J'ai Renvoye la quinte à M. La Det. Mardi 16. à une heure après midi. M. Collet est venu ce matin prende ton Portrait qu'il a promis de me Rende la semaine prochaine. Je l'avois Placé dans ta chambre où Je couche et qui est le seul endroit ou Je me plaise, quoiquil me Rappelle bien vivement l'objet que J'ai perdu. mais habiter les mêmes lieux, me servir choses qui étoient à son usage, c'est un adoucissement. Je prends le change, Je crois n'en être pas entierement Séparée. vaine illusion! qui me [Rendera?] la Réalité plus cruelle! .... mais, non, nous ne Sommes pas entierement Séparés, nos individus le sont amis nos coeurs Restent unis. oui, Si ta tendresse Répond à la mienne....pourquoi ce si? n'ai-je pas vu ta douleur, tes larmes, ah! elles m'en ont dit beaucoup plus, que tous les [serments?] et toutes les protestations

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oui, mon ami, mon amant, mon ame, mon tout. Je crois que tu m'aimes et que rien ne pourra m'effacer de ton souvenir, d'autres femmes pourront te plaire, mais tu n'en aimerais aucunes, plus que ta tendre et fidelle Laurence. Mardi à trois heures j'ai reçu les visites intéressées de mesdames [Dubuc?] et Bourgeot, et une d'un qutre genre, c'est M. [Desnoyers?] qui est très fâché de ne t'avoir pas vu avant ton Départ, il étoit parti le samedi soir pour versailles. il m'a demandé la permission de venir me voir pour savoir de tes nouvelles. Je lui ai promis de lui en faire part sitôt que j'en aurois reçu. Je viens de lui renvoyer [ta banc?]. Le Roi a aujourd'hui passé en revue aux champs Elysées la première division de la garde nationale, tout Paris y étoit, on dit que le coup d'oeil étoit superbe. Mercredi matin 17. J'ai mis hier au soir à la Dilligence, mon bon ami, ta boîte à chapeau qui n'a pu être contenus dans ta male. J'ai mis ta male après l'avoir fait plomber à la méssagerie qui est partie ce matin à quatre heures, et une caisse, contenant dix huit bouteilles de vin et ton huile reluisante. J'ai mis ta [pendule?] dans ta male, mais j'en ai fait la déclaration afin qu'elle soit soignée, et d'accord avec le commis du Roulage de france, qui est un ami de sa [fillancée?], nous l'avons estimé cinquante Ecus pour

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Le 24 mars 1790

Sais tu, mon cher jumelle, combien je t'aimes? Sais tu que je t'aimes de toutes mes forces avec la plus grande tendress? oui, tu n'en peu douter? tu ne peux non plus l'oublier, je te le répete si souvent! peut-être même que tu t'ennuis de lire toujours la même chose; mais que veux tu puisque je n'ai pas d'autre satisfaction. il faut bien que j'en jouisse. quel plaisir délicieux je Gouterois si j'avois le bonheur de te voir, de me sentir [presser] dans tes bras, de m'entendre dire en recevant un doux baiser---ma bonne, m'aimes tu comme je t'aimes, de tout ton coeur, de toute ton ame?--si je t'aimes? en peux tu douter? -- non je n'en doute pas, lais je trouve un charme inexprimable a entendre sortir de ta bouche cette douce assurance. ah! mon ami; combien ta Laurence se trouveroit heureuse. Je te l'ai dit, je crois, et je le sens mieux que je ne puis l'exprimer: s'il étoit au pouvoir de quelque puissance de m'offrir d'une part les honneurs, les Richesses, les Plaisirs et dix ans de vie; de l'autre dix [jours?] d'existance et ton cour pénétré des sentiments du mien, de sa tendress, de son amour, en un mot, si tu pourrois m'aimer aussi vivement, aussi parfaite=ment que je t'aimes, je choisirois le dernier lot, et je n'aurois qu'un seul regrêt, ce seroit la Brièveté de ton bonheur. car, sois assuré, mon bien aimé, qu'il n'en est point de comparable à celui d'aimer et de l'être véritablement? un jour peut-être, tu seras convaincu de cette vérité, mais, peut-être aussi que je ne serai pas l'objet heureux qui t'en donneras la conviction. combien cette crainte m'affecte douloureusement...est-il bien vrai que tu pourrois en aimer une autre?.....Je ne puis supporter cette affreuse idée.....non; je préfère mille fois la mort....non, jamais, je le jure, je n'en serai le témoin...tu vois combien je suis tourmentée ah! tu ne sais pas tout ce que je souffre!....il faut que je cesse de t'écrire.... écoutes, jumelle, si jamais tu cesses de m'aimer....écris moi que tu me conseilles de me Retirer au couvent. tu me le promets, n'est-ce-pas?....bon soir, ma vie, mon tout. Je m'élance vers toi en idée, je te fais les plus tendres caresses en te promettant de mourrir plutôt de cesser de t'adorer.

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Le Jeudi [26?] bon soir, mon ame, je me couche en t'aimant et de baisant de tout mon coeur. J'ai eu aujourd'hui, à la [priere?] de notre ami qui ne m'a quitté qu'a onze heures, M. et Mad. Dubac à [?], pour savoir et [conférer?] s'il sera possible qu'[alex?] aille au collège au mois d'octobre il est décidé qu'il ira.

Le 26. M. Collet est venue me voir le matin pour prendre [jour?] pour le Portrait de ta soeur, mais nous avons remis cela après les fetes de Pâques parce qu'il n'y point de parloir d'ici là que demain. il te fait mille compliments, et pour la deux où trousieme fois, il m'a répeté que la peine que lui occasionnait ton départ l'avoit empêché de venir le soir pour t'accompagner à la Diligence il desire beaucoup ton retour et il espere que tu reviendra. il m'a paru qu'il serait extremement flatté de recevoir de tes nouvelles Directes. il parle et agît comme t'étant très attaché. il a vu Bruni chez S.t aubin qui lui a demandé si tu lui avoit donné de tes nouvelles, il lui a dit que oui: __ comment il vous a écrit? __ non mais il m'en a donné pour Mad. Devanderstrate __vous doitil?__une Bagatelle__ vous a-t-il envoyé de l'argent? __ oui.__ par qui?__ par Mad. Devanderstrate__ il parait qu'elle a beaucoup la confiance?__ mais elle le mérite.__ oui, elle paroit une bonne femme. ce colloque a eu lieu samedi dernier et c'est le lundi que j'ai vu Mad. Bruni, on pourroit tirer des conséquences [?] le motif de la visite. mais, chut! le temps nous apprendra ce que nous devons en penser. J'ai pris le parte de t'écrir par un ton différent que je te quitte; mais c'est toujours sur le même ton que je t'aimes, que je te le dis, et que je t'embrasse car c'est de tout mon coeur de de toute mon ame adieu mon cher amour

Le 29 bon soir mon unique, mon cher bien aimé, demain je te dirai ce que j'ai fait aujourd'hui, car je suis si fatiguée que je vais me faire servir à souper dans mon lit; mais je ne pourrois goûter aucun repos si je ne te dirois auparavant que je baise tes yeux, ta bouche, ton coeur tout, tout avec une extrême tendresse et que je t'aimes si tendrement, si fortement, que je ne trouve point De termes qui puissent exprimer mes sentiments. bon soir cher amant, ame de mon ame, aimes moi de toutes tes forces si tu ne veux pas être un ingrat. ___

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Dimanche 28.

Je suis sortie, hier, de chez moi a neuf heures du matin. J'ai été voir M. Desnoyes et lui donner de tes nouvelles comme je le lui avois promis. Je ne puis te rendre mon bon ami, le plasir que mon visite lui a fait, combien il m'a remercié et tout ce qu'il m'a chargée de te dire de son attachement et de son amitié. [Mme?] son Epouse qui paroit fort respectable et qui reçoit son monde avec un très bon ton, m'a demandé la permission d'accompagner son mari quand il viendroit me voir. delà j'ai été passer une couple d'heures avec notre bon ami, qui est toujours bien enRhumé à midi je me suis rendue à Ste aure pour voir ta soeur et assiter à la leçon de harpe. elle a fort bien Executé l'ouverture de la [parcatana?], dont elle n'avoit pu faire un seul trait la derniere fois; son maître en eus assez content, cependant il la néglige un peu; je l'ai [prié?] à l'avenir de la [suivre?] apartement et de lui donner tous ses soins; je lui ai di qu'il avoit affaire a une famille extremement honnête qui ne manqueroit pas de lui donner des marques de la reconnoissance pour le dédommages de la peine et du temps qu'il auroit à attendre pour son argent, qui je lui recommandoit mell Jumelle comme si elle était ma fille et que je lui donnois mon parole d'honneur qu'il auroit lieu d'être content. il m'a promis qu'à l'[avenir?] il la [?] [soit?] avec d'autant plus de plaisir qu'elle commençoit a l'appliquer qu'il étoit fâché de ce qu'on lui [refusoit?] un maître de chant, qu'elle a la voix jolie et que cela lui donnerois infiniment de goût pour son instrument en [affet?] M W. Refuse de lui redonner un maître par ce qu'il trouve qu'il demande trop cher. il est vrai qu'il demande un louis par mois, mais il est prévenu, [queles?] [américaines?] ne sont dans l'usage de payer que tous les ans et cela lui est Egal. je crois, mon bon ami, que si ton pere n'est pas dans l'intention de la faire partir au mois de 7bre[Septembre] qu'on fera très sagement de lui donner le maître qu'elle demande, plus elle aura de quoi l'occuper, moins elle pensera à l'amérique. l'espoir qu'elle a que tu obtiendra la permission de la faire sortir la [?]. Je me suis trouvée seule avec elle un instant, elle m'a demandé si [j'avois?] point [pres?] instances aux siennes. Je lui ai dit: J'ai un à votre frere, que si la Prudence lui permettoit de solliciter cetter faveur auprès de votre Papa, je lui engageois ma Parole d'honneur de ne vois accorder cette satisfaction qu'autant que vos maîtres et maîtrones [croient?] contents de vous, que vous même [?] à ces conditions, que je mettrois dans ma conduite à cet Egard le plus grande sévérité. en effet ma chere modeste, il faut [pouver?]

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