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Mr St John de Crevecoeur Danville May 25 1789.
Monsieur et cher ami
Je n'ai point autre chose à vous apprendre pour le présent sinon qui je suis arrivé sans aucun accident en cette ville il y a cinq jours. Ce court tems ne m'a pas permis de prendre et de vous communiquer aucune information qui puisse vous être utile ou agréable. Je suis encore un étranger dans Kentucke, et ce ne sera qu'après quelques semaines de séjour ici que je pourrai être initié aux mystères de notre politique; alors je pourrai vous en entretenir. Jai dèja fait quelques perquisitions pour me procurer des details géogra= phiques de cette contréa; on m'en a promis qui, je crois, seront éxacts; je les [remenillerai?] pour vous. Je me suis rappellé que vous m'aviez fait quelques questions sur le compte de Mr B-n. Ne l'ayant point connu personnellement avant mon voyage de New york, je ne pus alors vous satisfaire. Depuis mon arrivée ici, je me suis attaché à découvrir quelle
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était l'opinion générale sur son compte, et je vois qu'il est beaucoup estimé. On l'empoyait avec confiance en sa qualité d'avocat avant son voyage à New-york, mais son absence lui a fait perdre beaucoup de pratiques. ses amis desirent qu'il suive la carrière de la politique ou l'on est d'opinion qu'il fera une figure distinguée. Des personnes de mérite me disent qu'en Virginie il n'est inferieur qu'à Mr Maddison. - Voilà, mon cher ami, tout ce que jusqu'à présent j'ai appris de lui, et c'en est assez pour rendre sa connaissance précieuse.
Ne perdez pas de vue, je vous prie, que me voici reléqué au bout du monde, qu'aucune nouvelle autentique ne nous parvient, et que je suis affainé de savoir ce qui se passe chez vous, en Europe, et surtout en France. Veuillez entrer avec moi dans les plus grands détails; addressez toujours vos lettres par la poste à Pittsburgh chez Mr Audrain qui me les acheminera [sureusent?].
Je souhaite de tout mon coeur que la gaité de Miss
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Fanny ainsi que sa santé se soutiennent également, et je me flatte qu'elle me fera l'honneur de répondre aux lettres qu'elle a reçues de moi. Je vous prie de lui presenter mes respects et à Madame De La Forest, et d'assurer de mon sincère attachement Messieurs De la Forest, Otto, et Mantel.
J'ai l'honneur d'être très veritablement
Monsieur et cher ami
Votre très humble et très obt servt